AMOUR DE PETITE LOUVE - 1995





Pour une histoire qui va venir et dont j'entends presque les pas.
Adonis
La branche couverte de feu est oiseau. On m'a dit que mon visage était la houle.
Adonis

Il était une fois....
Un rêve d'échapper à l'attraction terrestre...
Des pas perdus autour la tendresse immobile...
Quatre feuilles tapies au hasard annoncé...
Un remède pire que les maux embusqués...
L'âme brute à remonter notre temps incertain...

Puis je raconterai...
Celui qui achevait les choses infinies...
Ceux qui, patiemment, le hasard abolissent...
Comment, mains et esprit, ils tuèrent la Mort...
L'homme qui visitait dans tous les sens le temps...
Un amour à la fois oeuvre, bulle et diamant...

Sans jamais oublier ...
La part indicible des choses importantes à dire...
Que nous sommes nos rêves, nos créations aussi...
Qu'aucune certitude n'existe sur le temps imparti...
Que la roue tourne et suive son antique chemin...
Et l'idéal bâtit à rêves de jouir et à sable brûlant...

En contant qu'à la fin...
Le prodige persiste durant l'ère de joie....
Naît le fils de licorne et du prince escargot...
Nul ne s'abritera sur la terre de chasse...
La nuit mil et unième éclôt et aboutit...

Tous les bâtons rompus et tous les champs semés..

Condamner ?  A vivre, à vivre la joie, pure !

Illumine...
Flamme pour repousser sa ration de ténèbres
Torche oiseau suspendu en le noir de la nuit
Afin de compenser par du rouge l'obscur

Eternel combattant d'abattre la lumière

Embrase...
Je sens comme un soleil qui me monte à la gorge
Nœud prêt à s'épuiser en explosion de joie
Pour partager en nous la violence du feu
À embraser toujours, et toujours mal éteindre

Empreinte...
Du temps pur prodigué comme trace du don
Indivisé en poursuivant l’œuvre de joie
Quand nous partagerons nos armes réciproques
À chaque hasardée du haut lieu des rencontres. 

Tempête...
Son visage la houle hissue* du fond des âges
Traduit le rythme lent, puissant, indubitable
Des émotions créées, transmises dévolues
À donner la brutale tendresse des corps.

 

* croisement hisser x issir


Mon chemin reste mon chemin. La folie qui m'a  guidé  est toujours souveraine.
Adonis
Je visiterai les âges qui nous ont quittés et les sept galaxies.
Adonis

Dans le vent et la tempête, je suis le chemin
Mon amour de petite louve en meute solitaire,
Trace rouge ton sang dessus la neige blanche
Signe de nos violences et du désir voulu.

J'aspire au centre de ta bulle, ma folie souveraine,
Mon hommagée de blues sans rime ni raison
A poursuivre au-delà d'un rêve inéclamé
La rencontrée brutale aux hasards de nos routes.

Tisserande de fer forgé pour la grille contrainte
À préserver le dans et transpercer le hors,
Tu jouerais avec moi de grands jeux de marelle
Tantôt vers les enfers, tantôt en paradis.

Je ravirai l'outil à tailler l'infini
Abandonné, afin d'affûter d'autres rêves
Ressemblant, tels des frères, aux aguets palpités
Qui nous jettent, les fous, sur une erre nouvelle.

Tel un enfant ...
Enfiler des rêves pour un collier de perles ...
Poser la tête entre les seins de mère ...
Écouter les bruits tous nouveaux de la vie ...
Abandonner les lieux d'absence de tendresse ...
Et puis j'arriverai à l'instant non prévu.

Tel un garçon ...
Découvrir que l'on peut être nu ...
Connaître que le prince a lui aussi seize ans ...
Enchanter sa vie d'un ami éternel ...
Suivre tous les chemins qui ne mènent à rien ...
Chaque jour, je créerai de nouvelles Juliette.

Tel un amant ...
Transir dans l'attente du don ...
Effeuiller les mille marguerites ...
Attendre dans tous lieux le chaud de sa présence ...
Lui déchiffrer toujours le haut de mon désir ...
Et, prêt, j'exploserai quand elle mettra feu.

Tel un poète ...
Construire sa hutte dans les sept galaxies ...
Donner à l'air une forme nouvelle ...
Violer des bleus avec des rouges vifs ...
Marier le cuivre avec l'acier inox ...
Alors je sculpterai la pierre d'obsidienne.


Rends- moi ce que tes nuits ont volé de mon soleil en sang.
Adonis
Je disparaîtrai la poitrine ceinte de vents noués.
Adonis

Comptes exacts des mil et un soleils en sang
Ressource illimitée pour un brasier tenace ...
Emplois en dons violents aux hasards des rencontres ...
Actif édifié par boursées de tendresse ...
Passif  d'amples crédits tirés sur l'avenir ...
Solde infini toisé à l'aune de l'amour.

Se peut-il que la vie se rende sou pour sou ?
Mes nuits se sont offertes à ton soleil en sang
À ruer don pour don et mes joies pour les tiennes :
Je cirerais au vu nos hauts-reliefs sculptés
Dans le bois farfelu de nos songes mêlés,
Abattu à la hache du réel éclamé.

Je glacerais l'instant privilégié fini
De gangue transparente aux regards bénévoles,
Tel le trésor d'enfant caché au creux des mains.
J'arderais de tes yeux quelque vive étincelle
Fixée dans le diamant pour des siècles de siècle,
Lumière éternisée, épave des tempêtes.

Mon amour de petite louve, apprivoisée
Pour transmuer l'enfant en homme-étoîle errant.

Passer de rudes éternités à nouer
Les trois vents bruts en tresses obsolètes mues ;
Rien n'échappe à la sagacité des doigts purs
Arrondis pour peigner les filets d'air bleuté.
Tandis qu'ailleurs on trie les courants diagonaux !

Vent-hardise, Vent-gogue, Vent-îlet
Noeud-râle, Noeud-veine, Noeud-château
Épisser deux vies qui fuyaient à l'anglaise,
Ahaner aux amours que je vanne en flamant.
La brise attise un peu la braise rougeoyante.

Yma-Sumac le Magnifique ne trouve pas le bois
Où aucun Enchanteur ne vit fleurir laurier.
La Belle que voilà n'a jamais ramassé
Les larmes de diamant dans le pot de Perrette.
Le Seigneur des Anneaux persiste et aboutit !

Je tournerai la tête au vent armé de sept
 Couteaux d'acier à tailler, dans le vif, la tendresse
Accumulée dans les bouches du Nord lointain
Un rien de souffle frais embellirait la fièvre
D'attendre que le temps veuille faire relâche.


La terre dit alors aux ruines de la rose : voilà mon chant.
Adonis

L'éphémère, comment peut-il désespérer alors que le vent est son chemin ?
Adonis

Des pas tracer sur le sol l'insignifiant...
Trois notes émises pour un air infini...
Des mots fusés très haut à crier l'indicible...
Tous les marteaux levés contre l'immarcescible...
Voilà mon chant bâti aux marges étouffées.

À ceux qui pousseront les plus forts cris de joie...
Ceux qui partis joyeux sont revenus sereins...
Tous les havres construits aux croisées de la route...
Des fleurs rouges semées par l'errant pour l'errant...
Voilà mon chant tenu envers toute la nuit.

La senteur qui persiste longue après le départ...
Revêtir la lumière amoureuse de vie...
Résonnera le temps de labour du terroir...
Lorsque après les aguets tu vois poindre le port...
Voilà mon chant ténu à tisser d'autres blues.

Les signes de la fleur jonchés dessus la terre...
Les rêves de l'enfant portés comme un trésor...
La neige qui fraîchit la source des étés...
Le désir abouti en amours flamboyantes...
Voilà mon chant lancé tel un cri de l'oiseau.

Tel l'amante...
Abriter la tempête et caresser la peau...
Projet fou  d'éprouver tous les chemins du vent
Quand il a dit :"partons !" ; et nous sommes partis.
Ô nuit de longue veille à peigner l'adjectif
Exact au vent chassant sur la piste nouvelle !

Tel l'errant...
D'abord dresser sa voile à n'importe quel signe
Que le sens en soit clair ou brutal survenu...
Car l'enfant des rencontres ne craint point de vaguer
À poursuivre sur mer les traces d'un vent fou
Venu d'on ne sait où, vers un ailleurs fortuit.

Tel l'instant...
S'adosser à la pierre empreinte d'éternel
Et, minusculement, créer son grain de sable...
Dunes sculptées par très peu de caresses
Vagabondes troublant de très peu le silence
Signet posé parmi la succession des ères

Tel le vivant...
Tourner la face au vent qui purifie la route...
Et toi, homme rompu en butte aux vents adverses,
Irais-tu quelque part ?
Il existe le vent favorable...







Proverbes de voyages et de routes

Proverbes de pluies
Et moi, soleil émacié sous lequel... le vagabond croisait la longue route.
Adonis
En retenant mon souffle, je suis parti chercher apprendre à la mer mes pluies.
Adonis

Le vagabond, jongleur d'éclipses impalpées,
S'étrangera au loin pour se muer en roi.

Au voyageur parti sur une erre nouvelle
Malencontres jamais la route n'enseigna.

Un peu de soleil froid sous l'aride regard
Pareil pour le brin d'herbe et l'arbre foudroyé.

Une est la route, qu'elle monte ou dévale ;
Le rude du voyage est de franchir le seuil.

L'aurore sans flambeau, tu ne peux l'égarer ;
Dans la nuit, la bougie illumine ta quête.

Si, à chemin battu, jamais l'herbe ne croît,
Tu pourrais t'égarer loin des routes connues.

Marche selon la longueur de ton pas
Mille routes dévoient du blanc, une y va.

Chacun se tient dans sa propre lumière
Afin d'y déchiffrer les sept nœuds du vivant.

La mer n'a refusé le moindre filet d'eau.

Connaît la larme en cette goutte d'eau
Étrange, parmi toute l'onde océane.

La pluie, qui enchantait les chemins de traverse,
Gadouille dans la cour du labeur quotidien. 

Dès que la première eau aura rincé le toit
Je roulerai les jarres aux tombées des gouttières

La pluie chez voisin te mouillera les pieds

Tombe petite pluie pour abattre grand vent.

Un peu de pluie reçue fait éclore les roses,
Beaucoup de feu jeté ne laisserait que cendre

Jamais nul ne verra la pluie rester aux cieux

Pluie du matin n'arrête pas le pèlerin

La pluie a préparé le beau temps de demain






Je sais, nuage par nuage, mes ciels remontent des paradis terrestres.
Adonis
Il y a longtemps je murmurais au navire mon chant ceint de flammes vermeilles.
Adonis

Aux jardins enchantés, un peu de soleil love
De la petite enfance en sa bulle dorée.
Voiles messagères, quelques flocons de blanc
Brillant taillent leur route en ce ciel indigo.

Le compte du troupeau reste à jamais faussé :
Jadis les cailloux noirs auront percé nos poches
Sous les yeux ahuris des agneaux regordans ;
Haut Frère inattendu aux lames indécises
Un aboi cisailla le fil de nos dormies.

Posément conjuguer les images biaisées !
Voici la nef bâtie au milieu des tempêtes
Afin de remonter quelques temps incertains,
Passé décomposé ou futur intérieur.

Échapper des vertes prairies isotropes
Pour un jour visiter les gris indubités
Du désert absolu où l'eau s'appelle joie
De vivre une seconde encor, instant de plus.

J'ai vu à l'horizon le navire sous voiles
Dans l'orange sanglant du soleil harassé ;
Un peu de jour passé atteignait le rivage
Sur l'échelle des vagues, retournées d'infini.

Épée forgée au feu de noyaux des olives :
L'odeur demeurera dans la gorge de l'âme
Du bois de chêne issu de l'aride tendresse
Prodiguée au hasard de l'orage éclaté.

Quand l'infunambulant prie le fil dans sa poche,
Le marin des amarres poussera son nœud râle
Au cou du vent venu des choses absolues ;
Avec le bel outil éclatant feux et flammes
Il conçoit, l'ingénieux, de troubler l'inconnue.

Parti pour attiser toutes flammes vermeilles
De murmures chantés à la proue du vaisseau,
Je n'aurai rencontré peu de bonheur qui veuille
Marcher à notre pas, errant, irrésolu.